Page:Stendhal - Promenades dans Rome, tome 1.djvu/115

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fois Hercule dans la Grèce héroïque ; tout ce qui a été fait de grand et de noble dans la peinture, on l’attribue à ce héros. Sa vie elle-même, dont les événements sont si simples, devient obscure et fabuleuse, tant elle est chargée de miracles par l’admiration de la postérité. Nous parcourions doucement le joli jardin de la Farnesina, sur la rive du Tibre ; ses orangers sont chargés de fruits. L’un de nous a raconté la vie de Raphaël, ce qui a semblé augmenter l’effet de ses ouvrages.

Né le vendredi saint 1483, il mourut à pareil jour en 1520, à l’âge de trente-sept ans.

Le hasard, juste une fois, sembla rassembler tous les genres de bonheur dans cette vie si courte. Il eut la grâce et la retenue aimable d’un courtisan, sans en avoir la fausseté ni même la prudence. Réellement simple comme Mozart, une fois hors de la vue d’un homme puissant, il ne songeait plus à lui. Il rêvait à la beauté ou à ses amours. Son oncle Bramante, le fameux architecte, se chargea toujours d’intriguer pour lui. Sa mort à trente-sept ans est un des plus grands malheurs qui soient arrivés à la pauvre espèce humaine.

Il était né à Urbin, petite ville pittoresque située dans les montagnes, entre Pesaro et Pérouse. Rien qu’à voir ce pays,