Page:Stendhal - Promenades dans Rome, tome 1.djvu/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

on conçoit que les habitants doivent briller par l’esprit et la vivacité. Vers 1480, les beaux-arts y étaient à la mode. Le premier maître de Raphaël fut son père, peintre médiocre sans doute, mais non pas affecté (voir un tableau de Jean Sanzio, au musée de Brera, à Milan). Le peintre non affecté étudie la nature, et la rend comme il peut. Le peintre maniéré enseigne à son malheureux élève certaines recettes pour faire un bras, une jambe, etc. (Voir les tableaux des grands peintres loués par Diderot, les Vanloo, les Fragonard, etc.) Raphaël, encore enfant, acquit de nouvelles idées en voyant les ouvrages de Carnevale, peintre moins médiocre que son père[1]. Il alla à Pérouse travailler dans la boutique de Pierre Vannucci, que nous appelons le Pérugin. Bientôt il fut en état de faire des tableaux absolument semblables à ceux de son maître, si ce n’est que ses airs de têtes sont moins bourgeois. Ses figures de femmes sont déjà plus belles ; leur physionomie annonce un caractère noble sans être sec. C’est à Milan, au musée de Brera, que se trouve l’un des chefs-d’œuvre de la jeunesse de Raphaël, le Mariage de la Vierge, gravé par le célèbre Longhi.

  1. Les curieux peuvent chercher la Vie de Raphaël par l’Anonyme, 150 pages in-4°. Le Florentin Vasari est ennemi de Raphaël et partisan de Michel-Ange.