Page:Stendhal - Promenades dans Rome, tome 1.djvu/89

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cardinal de Gregorio a plus de verve que nos hommes les plus aimables et autant d’esprit ; il est fils de Charles III, Carlos tercero, cet homme singulier qui a tout fait en Espagne.

Les gens d’esprit, à Rome, ont du brio, ce que je n’ai observé qu’une seule fois chez un homme né à Paris. On voit que les hommes supérieurs de ce pays-ci méprisent l’affectation ; ils diraient volontiers : « Je suis comme moi ; tant mieux pour vous. » Le bon cardinal Hœfelin, malgré ses quatre-vingt-douze ans, est toujours dans le monde, occupé, comme Fontenelle, à adresser des choses fines aux jeunes femmes. J’aime le caractère ferme et vif de M. le cardinal Cavalchini, l’ancien gouverneur de Rome.

La conversation de ces hommes décidés est toujours singulière, pourvu qu’ils aient reçu assez d’éducation pour savoir rendre leurs idées. Les cardinaux ont à peu près le costume de Bartholo dans le Barbier de Rossini, un habit noir avec des passe-poils rouges et des bas rouges. Ils parlent beaucoup de Rossini, et ils parlent toujours aux plus jolies femmes, mesdames Dodwell, Sorlofra, Martinetti, Bonacorsi. Madame Dodwell est une jeune Romaine d’une famille française, les Giraud (prononcez Gira-o) ; cette charmante tête offre la