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perfection du joli italien. Giacomo della Porta copiait la beauté d’après des têtes comme celle de madame la princesse Bonacorsi, pour laquelle on se brûle la cervelle. Madame la duchesse Lante, qui a été la plus jolie femme de son temps, rappelle aujourd’hui, par les grâces de son esprit, ces femmes célèbres du dix-huitième siècle, chez lesquelles Montesquieu, Voltaire et Fontenelle aimaient à se rencontrer.

M. de La***[1] est l’homme aimable par excellence : gai, de bon goût, il représente sa nation telle qu’elle était autrefois[2]. M. d’Italinski, envoyé de Russie, est un philosophe de l’école du grand Frédéric : beaucoup d’esprit et de science, encore plus de simplicité ; c’est un sage comme le milord Maréchal de J.-J. Rousseau. On lui a donné des secrétaires de légation qui voient tout ce qui se passe en Italie, et dont l’esprit brillant rappelle la manière d’être des hommes les plus aimables du siècle de Louis XV. — Histoire du conclave de Léon XII nommé par le cardinal Severoli.

Je n’oublierai de la vie les moments heureux que je dois à l’esprit vif et pitto-

  1. Stendhal corrige de sa main sur l’exemplaire Crozet : « M. le Duc de Laval. » L’édition de 1854 imprime : M. de Laval. N. D. L. E.
  2. Addition manuscrite de l’exemplaire Crozet : « Il a même cette pointe de bizarrerie aimable : il s’arrête dans la rue devant Polichinelle. » N. D. L. E.