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RACINE ET SHAKSPEARE

au moins à votre impartialité. Vous étiez seulement les conservateurs du goût, vous allez être ses vengeurs. Mais quand arrivera le moment si doux de la vengeance ? Peut-être dans quatre ou cinq ans, quand nous publierons ce dictionnaire que l’Europe attend avec une respectueuse impatience. Or, je vous le demande, messieurs, chez une nation qui depuis peu se livre à la funeste manie de tout mettre en discussion, non seulement les lois de l’État, mais encore, ce qui est bien plus grave, la gloire de ses Académies, quels immenses progrès l’erreur et le faux goût ne peuvent-ils pas faire pendant quatre années ? Je demande que, le 24 avril prochain, jour solennel de la réunion des quatre Académies, vous chargiez l’un de vous de déclarer à un peuple avide de vous entendre notre arrêt sur le romantisme. N’en doutez point, messieurs, cet arrêt tuera le monstre. »

Des applaudissements unanimes arrachent la parole à l’orateur. M. Auger, académicien d’autant plus strict adorateur des règles que jamais il ne fit rien, est d’une commune voix chargé de foudroyer le Romantisme.

Huit jours se passent ; M. Auger paraît à la tribune ; il y a foule dans la salle ; on compte treize membres présents ;