Page:Stendhal - Racine et Shakespeare.djvu/104

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
67
PRÉFACE

plusieurs ont revêtu leur costume. Avant de dérouler son manuscrit, le directeur de l’Académie adresse ces mots à l’honorable assemblée :

« Toutes les mesures extrêmes, messieurs, sont voisines de dangers extrêmes. En faisant aux romantiques l’honneur insigne de les nommer en cette enceinte, vous ferez connaître l’existence de cette secte insolente à certains salons vénérables, où jusqu’ici le nom du monstre n’avait point pénétré. Ce péril, tout grand qu’il puisse vous paraître, n’est encore, du moins à mes yeux, que le précurseur d’un danger extrême, et à la vue duquel, je ne crains pas de le dire, messieurs, vous prendrez peut-être la résolution de priver le peuple français de la grande leçon que vous lui prépariez dans la solennité du 24 avril. Le célèbre Johnson chez les Anglais, il y a plus d’un demi-siècle ; vers la même époque, le poëte Métastase chez les Italiens ; et de nos jours encore, M. le marquis Visconti ; M. Schlegel, cet Allemand d’une célébrité si funeste, qui donna jadis à madame de Staël la cruelle idée de se faire l’apôtre d’une doctrine malheureuse pour la gloire nationale, plus malheureuse encore pour l’Académie ; vingt autres que je pourrais nommer, si je ne craignais de vous fatiguer de trop