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SECONDE PARTIE

des guerriers fondateurs de ces illustres familles[1]. En sortant d’une tragédie où nous aurons vu combattre et mourir ce héros farouche et sanguinaire, le connétable de Montmorency, l’électeur le plus libéral et le plus piqué des tours de passe-passe qu’on lui a joués aux dernières é…[2] ne pourra se défendre d’une sorte de curiosité bienveillante en entendant annoncer dans un salon un Montmorency. Aujourd’hui personne dans la société ne sait l’histoire de France ; avant M. de Barante, elle était trop ennuyeuse à lire ; la tragédie romantique nous l’apprendra et d’une manière tout à fait favorable aux grands hommes de notre moyen âge. Cette tragédie qui, par l’absence du vers alexandrin, héritera de tous les mots naïfs et sublimes de nos vieilles chroniques[3], est donc tout à fait dans l’intérêt de la

  1. On trouve deux ou trois sujets de tragédie dans chaque volume du Froissart de M. Buchon : Édouard II et Mortimer, Robert d’Artois et Édouard III, Jacques d’Artevelle ou les Gantois, Wat-Tyler, Henri de Transtamare et du Guesclin, Jeanne de Montfort, duchesse de Bretagne, le captal de Buch à Meaux, Clisson et le duc de Bretagne (c’est le sujet d’Adélaïde du Guesclin), le roi Jean et le roi de Navarre à Rouen, Gaston de Foix et son père, seconde révolte de Gand sous Philippe d’Artevelle. L’amour, ce sentiment des modernes qui n’était pas né du temps de Sophocle, anime la plupart de ces sujets par exemple, l’aventure de Limousin et Raimbaud.
  2. Élections. N. D. L. É.
  3. « Beaumanoir, bois ton sang. »