Page:Stendhal - Racine et Shakespeare.djvu/272

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
235
DE LA LANGUE ITALIENNE

mot n’est jamais assez pompeux ni assez fort. De là, la littérature italienne ou le portrait fidèle de toutes les émotions que l’on éprouve en Italie, depuis le transport de passion le plus violent d’Othello, jusqu’à l’émotion la plus pudique et la moins avouée que sent la Virginie (de Paul et Virginie), toute la littérature italienne, dis-je, s’est égarée dans une suite de superlatifs et dans un style continuellement tendu. Voyez la Vie d’Alfieri. Mais je termine ici l’énumération de nos dangers. Toutes les vérités ne sont pas prudentes à dire et je vois le naturel et le simple de notre divin Métastase écrasé par les superlatifs et la bile de son orgueilleux rival. J’en appelle du public actuel au public de l’an 1850.


GIORNATA SESTA
Remèdes.

Nous écrivons donc tous dans une langue morte, excepté quand nous écrivons en vénitien, en milanais, en piémontais, et c’est là encore un de nos plus grands malheurs.

Quels sont les remèdes ?

D’abord convainquons-nous bien qu’il y a urgence : le feu est à la maison ; il ne faut pas s’amuser à bavarder longuement ; il faut mettre la main à l’œuvre.