Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, I, 1928, éd. Martineau.djvu/158

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE VIII




L
e jeune duc tourna rapidement son cheval et alla au grand galop rejoindre son groom qui suivait à cinq cents pas. Il lui remit un mot pour sa mère, annonçant qu’il dînait à la campagne. Délivré de cet homme le duc reprit le galop et poussa son cheval comme un fou. Avant de se livrer au bonheur délicieux de réfléchir sur l’idée de l’abbé, il voulait être bien sûr de n'être pas interrompu par aucun importun. Malheureusement il avait beaucoup d’amis.

Enfin il arrêta son cheval au bourg de Jouy par delà Meudon. Là il plaça son cheval dans une bonne écurie et enfin alla se promener à pied dans les bois après avoir caché sa croix, et fort résolu à ne reconnaître personne si quelqu’un l’abordait.

« Quoi, je pourrais voyager, s'écriat-il enfin avec un gros soupir dès qu’il se vit dans une allée bien sombre, voyager sans manquer à ce que je dois à ma mère ! Je pourrais être fixé avant un an ! Loin de Paris !… Faire ce qui me plaira, répétait-il