Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, I, 1928, éd. Martineau.djvu/241

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Parvenu à la porte, Alfred l’ouvrit vivement. Il vit M. de Ruppert s’échapper en chemise de derrière le lit de madame de Larçay qui était au fond de la pièce. M. de Ruppert avait six pas d’avance, il eut le temps d’ouvrir la fenêtre et s’élança sur la galerie de bois, et de la galerie dans le jardin. M. de Larçay le suivit rapidement ; mais, au moment où il arriva au mur à hauteur d’appui qui séparait le jardin du lac, la barque dans laquelle M. de Ruppert s’échappait était déjà à cinq ou six toises du bord.

— À demain, monsieur de Ruppert ! lui cria M. de Larçay. On ne répondit pas. M. de Larçay remonta rapidement chez sa femme. Il trouva Mina agitée qui se promenait dans le salon qui précédait la chambre à coucher. Elle l’arrêta comme il passait.

— Que prétendez-vous faire ? lui dit-elle. Assassiner madame de Larçay ? De quel droit ? Je ne le souffrirai pas. Si vous ne me donnez pas votre poignard, j’élève la voix pour la prévenir de se sauver. Il est vrai que ma présence ici me compromet d’une manière atroce aux yeux de vos gens.

Mina vit que ce mot faisait effet.

— Quoi ! vous m’aimez et vous voulez me déshonorer ! ajouta-t-elle vivement.