Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, I, 1928, éd. Martineau.djvu/290

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à se montrer pendant la fatale semaine, les diables recommenceraient aussitôt leurs danses sur le parvis de l’église.

Je faisais de fréquents voyagesà Rome, quelquefois pour mon plaisir, plus souvent pour mes affaires. Je m’étais fait faire une petite voiture pour moi seul ; j’avais un excellent cheval, et grâce à la rapidité de sa course, le trajet ne durait pas longtemps. Je ne craignais pas de traverser de nuit, et toujours seul, la campagne de Rome, quoiqu’on m’eût averti de prendre plus de précautions dans un pays infesté de brigands. Comme je n’avais jamais éprouvé le moindre accident, je me riais de ces timides conseils ; mais en allant à Rome pour y assister aux fêtes de la Saint-Napoléon, sur la route entre Népi et Monterosi,huit hommes armés se jetèrent à ma rencontre, en criant : Ferma ! ferma ! (halte ! halte !) Il était plus de minuit ; à leurs cris, je m’arrêtai et leur demandaice qu’ils me voulaient. Ils me firent descendre de voiture, et m’étendirent le visage contre terre. En descendant je les priai de ne pas quitter la bride de mon cheval, parce qu’il s’emporterait : ainsi firent-ils ; puis ils me demandèrent qui j’étais ; je me gardai bien de leur dire la vérité ; si j’eusse avoué que j’étais un agent du gouvernement fran-