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ROMANS ET NOUVELLES


noms des principaux auteurs qu’il venait d’acquérir ; il en donna le catalogue, en commençant par les noms de Diderot et du baron d’Holbach, qu’il prononçait d’Holbache.

— Dites d’Holbach ! s’écria le pair de France avec toute l’importance d’une science récemment acquise.

L’on parlait avec assez de mépris de cet homme de lettres au nom barbare, lorsque Delangle laissa tomber négligemment que ce d’Holbach était fils d’un fournisseur et possédait plusieurs millions. Ce mot sembla donner à penser à la riche assemblée, et l’on reparla encore quelques instants de Diderot et de d’Holbach. Comme la conversation allait cesser sur ce sujet, madame Boissaux osa élever la voix pour demander timidement si Diderot et d’Holbach n’avaient pas été pendus avec Cartouche et Mandrin. L’éclat de rire fut vif et général. En vain la politesse voulut le modérer après le premier moment ; l’idée de Diderot, le protégé de l’impératrice Catherine II, pendu comme complice de Cartouche, était si plaisante que le rire fou recommença de toutes parts.

— Eh bien, messieurs, reprit madame Boissaux, qui, elle aussi, riait comme une folle sans savoir pourquoi ; eh bien, mes-