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Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, II, 1928, éd. Martineau.djvu/28

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ROMANS ET NOUVELLES

— Je ne vous cacherai pas que don Fernando de la Cueva se trouve compromis dans une fâcheuse affaire. Le ministre de la police le fait chercher, il s’agit pour lui de la garotte (manière d’étrangler employée pour les nobles) ou tout au moins des galères. J’y ai été huit années, et je puis vous assurer que c’est un vilain séjour. (En disant ces mots il s’approcha de l’oreille du vieillard.) D’ici à quinze jours ou trois semaines, je recevrai probablement du ministre l’ordre de faire transférer don Fernando de la prison d’Alcolote à celle de Grenade. Cet ordre sera exécuté fort tard dans la soirée ; si don Fernando profite de la nuit pour s’échapper, je fermerai les yeux, par considération pour l’amitié dont vous l’honorez. Qu’il aille passer un an ou deux à Majorque, par exemple, personne ne lui dira plus haut que son nom.

Le vieux gentilhomme ne répondit point, il était atterré, et eut beaucoup de peine à regagner son village.

L’argent qu’il avait reçu lui faisait horreur.

— Est-ce donc, se disait-il, le prix du sang de mon ami don Fernando, du fiancé de mon Inès ?

En arrivant au presbytère, il se jeta dans les bras d’Inès :