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Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, II, 1928, éd. Martineau.djvu/30

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ROMANS ET NOUVELLES

mière traversait les ombres de l’église comme une voie de feu, on voyait de loin un homme à genoux sur les marches de l’autel ; il était plus grand de toute la tête que ce qui l’entourait. Cette tête était penchée d’un air pieux, et ses bras maigres croisés sur sa poitrine. Il se releva bientôt, et montra un habit chargé de décorations. Il donnait la main à une jeune fille dont la démarche légère et jeune faisait un étrange contraste avec sa gravité. Des larmes brillaient dans les yeux de la jeune épouse ; l’expression de ses traits et la douceur angélique qu’ils conservaient malgré son chagrin frappèrent le peuple quand elle monta en carrosse à la porte de l’église.

Il faut avouer que, depuis son mariage, don Blas fut moins féroce ; les exécutions devinrent plus rares. Au lieu de faire fusiller les condamnés par derrière, ils furent simplement pendus. Il permit souvent aux condamnés d’embrasser leur famille avant d’aller à la mort. Un jour, il dit à sa femme, qu’il aimait avec fureur :

— Je suis jaloux de Sancha.

C’était la sœur de lait et l’amie d’Inès. Elle avait vécu chez don Jaime sous le nom de femme de chambre de sa fille, et c’est en cette qualité qu’elle l’avait suivie dans le