palais qu’Inès était venue habiter à Grenade.
— Quand je m’éloigne de vous, Inès, poursuivit don Blas, vous restez à parler seule avec Sancha. Elle est gentille, elle vous fait rire ; moi, je ne suis qu’un vieux soldat chargé de fonctions sévères ; je me rends justice, je suis peu aimable. Cette Sancha, avec sa physionomie riante, doit me faire paraître à vos yeux plus vieux de moitié. Tenez, voilà la clef de ma caisse, donnez-lui tout l’argent que vous voudrez, tout celui qui est dans ma caisse si cela vous plaît, mais qu’elle parte, qu’elle s’en aille, que je ne la voie plus !
Le soir, en rentrant de son bureau, la première personne que vit don Blas fut Sancha, occupée de sa besogne comme à l’ordinaire. Son premier mouvement fut de fureur ; il s’approcha rapidement de Sancha, qui leva les yeux et le regarda ferme, avec ce regard espagnol, mélange si singulier de crainte, de courage et de haine. Au bout d’un moment, don Blas sourit.
— Ma chère Sancha, lui dit-il, doña Inès vous a-t-elle dit que je vous donne dix mille réaux ?
— Je n’accepte de cadeaux que de ma maîtresse, répondit-elle, toujours les yeux attachés sur lui.