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Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, II, 1928, éd. Martineau.djvu/36

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ROMANS ET NOUVELLES

— La veille de ma disgrâce, reprit Sancha, dona Inès me parlait…

— Est-elle gaie ? interrompit don Fernando.

— Non pas gaie, mais d’une humeur égale et douce, bien différente de ce que vous l’avez connue ; elle n’a plus ces moments de vivacité et de folie, comme disait le curé.

— L’infâme ! s’écria don Fernando, en se promenant à grands pas dans la chambre. Voilà comme elle tient ses serments ! voilà comme elle m’aimait ! Pas même de tristesse ! et moi…

— Ainsi que je le disais à Votre Seigneurie, reprit Sancha, la veille de ma disgrâce, doña Inès me parlait avec amitié, avec bonté, comme autrefois à Alcolote. Le lendemain, un mon mari le veut fut tout ce qu’elle trouva à me dire, en me remettant un papier signé d’elle, qui m’assure une bonne pension de huit cents réaux.

— Eh ! donne-moi ce papier, dit don Fernando.

Il couvrit de baisers la signature d’Inès.

— Et parlait-elle de moi ?

— Jamais, répondit Sancha, et tellement jamais que, devant moi, le vieux don Jaime lui a fait une fois le reproche d’avoir oublié un voisin aussi aimable.