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Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, II, 1928, éd. Martineau.djvu/37

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LE COFFRE ET LE REVENANT

Elle pâlit, et ne répondit pas. Dès qu’elle eut reconduit son père jusqu’à la porte, elle courut s’enfermer dans la chapelle.

— Je suis un sot, voilà tout, s’écria don Fernando. Que je vais la haïr ! N’en parlons plus… Il est heureux pour moi d’être entré dans Grenade, mille fois plus heureux de t’avoir rencontrée… Et toi, que fais-tu ?

— Je suis établie marchande au petit village d’Albaracen, à une demi-lieue de Grenade. Je tiens, ajouta-t-elle en baissant la voix, de belles marchandises anglaises, que m’apportent les contrebandiers des Alpujarres. J’ai dans mes malles pour plus de dix mille réaux de marchandises de prix. Je suis heureuse.

— J’entends, dit don Fernando ; tu as un amant parmi les braves des monts Alpujarres. Je ne te reverrai jamais. Tiens, porte cette montre en mémoire de moi.

Sancha s’en allait ; il la retint.

— Si je me présentais devant elle ? dit-il.

— Elle vous fuirait, dût-elle se jeter par la fenêtre. Prenez garde, dit Sancha en revenant près de don Fernando, quelque déguisement que vous puissiez prendre, huit ou dix espions qui rôdent sans cesse autour de la maison vous arrêteraient.

Fernando, honteux de sa faiblesse,