portez le coffre dans quelque autre pièce, afin d’avoir une première réponse à faire à don Blas, et qu’il ne vous poignarde pas de prime abord. Dites que c’est moi qui ai fait transporter le coffre et qui l’ai ouvert. Surtout ne nous faisons pas illusion : si don Blas revient avant moi, nous sommes tous morts !
Les conseils de Sancha ne touchèrent guère les amants ; ils transportèrent le coffre dans un passage obscur ; ils se firent l’histoire de leur vie depuis deux ans.
— Tu ne trouveras point de reproches chez ton amie, disait Inès à don Fernando ; je t’obéirai en tout : j’ai un pressentiment que notre vie ne sera pas longue. Tu n’as pas idée du peu de cas que don Blas fait de sa vie et de celle des autres ; il découvrira que je t’ai vu et me tuera… Que trouverai-je dans l’autre vie ? continua-t-elle après un moment de rêverie ; des châtiments éternels !
Puis elle se jeta au cou de Fernando.
— Je suis la plus heureuse des femmes, s’écria-t-elle. Si tu trouves quelque moyen pour nous revoir, fais-le moi dire par Sancha ; tu as une esclave qui s’appelle Inès.
Zanga ne revint qu’à la nuit ; il emporta le coffre, dans lequel Fernando s’était replacé : plusieurs fois, il fut in-