une de mes armoires qu’il ferma à clef, et, pour surcroît de précaution, comme il est fort méfiant, il prit aussi la clef du cabinet. Jugez de mon chagrin : Mayral était furieux, je ne pus que lui parler un peu à travers la porte.
» Mon mari reparut bientôt. Après dîner, il me força en quelque sorte d’aller à la promenade. Il voulut aller au spectacle ; et enfin je ne pus rentrer que fort tard. Toutes les portes de la maison étaient chaque soir fermées avec soin, mon mari prenait toutes les clefs. Ce fut par le plus grand hasard du monde que, profitant du premier sommeil de don Gutier, je pus faire sortir Mayral du cabinet où il s’impatientait depuis si longtemps ; je lui ouvris la porte d’un petit grenier sous le toit. Il fut impossible de le faire descendre au jardin. On y avait étendu des balles de laine qui étaient gardées par deux ou trois portefaix. Mayral passa toute la journée suivante dans le grenier. Jugez de ce que je souffrais : il me semblait à chaque instant le voir descendre le poignard à la main, et s’ouvrir un passage en assassinant mon mari. Il était capable de tout. Au moindre bruit dans la maison, je tressaillais.
» Pour comble de malheur, mon mari n’alla point à la Bourse. Enfin, sans avoir