pu parler une seule minute à Mayral, je fus trop heureuse de pouvoir donner des commissions à tous les portefaix, et trouver le moment de le faire sauver par le jardin. En passant, il brisa avec le manche de son poignard la grande glace du salon. Il était furieux.
» Ici, monsieur, vous allez me mépriser autant que je me méprise. De ce moment, je le vois à présent, Mayral ne m’aima plus, il crut que je m’étais moquée de lui.
» Mon mari est toujours amoureux de moi ; plusieurs fois dans cette journée, il me donna quelques baisers et me prit dans ses bras. Mayral, malade d’orgueil plus que d’amour, se figura que je ne l’avais caché que pour le rendre témoin de ces transports.
» Il ne répondait plus à mes lettres, il ne daignait pas même me regarder au spectacle.
» Vous devez être bien las, monsieur, de cette suite d’infamies, voici la plus atroce et la plus lâche.
» Il y a huit jours que la troupe de voltigeurs napolitains annonça son départ. Lundi dernier, jour de Saint-Augustin, folle d’amour pour un homme qui, depuis trois semaines qu’a eu lieu l’aventure de la cacherie chez moi, n’a pas daigné me regarder ni répondre à mes lettres, j’ai