Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/113

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de six cents Russes ou Anglais. Florence n’est qu’un musée plein d’étrangers ; ils y transportent leurs usages. La division en castes des Anglais, et le scrupule qu’ils mettent à s’y conformer, servent de texte à cent contes plaisants. C’est ainsi que se venge de leur luxe la pauvre noblesse florentine, qui se rassemble chaque soir chez madame la comtesse d’Albany, veuve d’un prétendant et amie d’Alfieri. M. Fabre (de Montpellier), à qui la postérité devra les portraits de ce grand tragique, m’a montré, en objets d’art, les choses les plus curieuses. Je dois à l’obligeance d’un moine de Saint-Marc la vue des fresques admirables que Fra Bartolomeo a laissées sur les murs de sa cellule. Cet homme de génie cessa de peindre pendant quatre ans par humilité chrétienne, et reprit ensuite les pinceaux sur l’ordre de son supérieur. Il y a quinze jours qu’un peintre de ma connaissance allait faire des études d’après la jolie tête d’une jeune tresseuse de chapeaux de paille. Le peintre est un Allemand fort sage de quarante ans, et d’ailleurs les séances avaient lieu en présence de toute la famille, enchantée d’ajouter quelques paules à son mince ordinaire. Ces séances ont choqué le curé. « Si la jeune fille continue, a-t-il dit, je la déshonorerai en