Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/12

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dans ses yeux comment il l’aime en ce moment. — Je me souviens, dis-je, qu’une Française écrivait il y a un an : « Je ne crains rien tant dans mon amant que le ridicule. » — Une Italienne, eût-elle l’idée du ridicule, reprend madame T***, son amour l’empêcherait à jamais de l’apercevoir dans ce qu’elle aime. » — Heureuse erreur ! Elle est, je n’en doute pas, la principale source du bonheur de ce pays[1].

Je supprime trente pages de descriptions de Bologne que l’on trouvera écrites, et avec une grâce que je ne saurais atteindre, à la fin du premier volume du président de Brosses, page 350. M. de Lalande, l’athée, passa huit mois en Italie ; mais tous les jésuites du pays eurent l’ordre de lui envoyer des mémoires sur le lieu de leur séjour : de là son plat voyage en neuf volumes. Il voit tout par la lorgnette des jésuites ; mais c’est un bon itinéraire. Il rabaisse tous les hommes distingués vivant en 1776 ; c’était l’usage des bons pères, rien ne maintient davantage le statu quo. Le meilleur itinéraire est celui dont le libraire Vallardi, de Milan, vient de publier la quin-

  1. On y assassine, c’est-à-dire, des misérables hors de la société se donnent entre eux des coups de couteau ; mais les trois quarts des gens ayant plus de six mille francs de rente n’y sont pas payés pour mentir. En 1770, qui était payé pour mentir, en France ? Aussi était-on gai. (Note ajoutée en 1826.)