Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/173

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raison, et le public encore plus d’être ravi. L’indécence n’est à peu près qu’une chose de convention, et la danse est presque toute fondée sur un degré de volupté qu’on admire en Italie, et qui choque nos idées. Au milieu des pas les plus vifs, l’Italien n’a pas la plus petite idée d’indécence ; il jouit de la perfection d’un art, comme nous des beaux vers de Cinna, sans songer au ridicule de l’unité de lieu. Pour les impressions passagères, les défauts inaperçus n’existent pas. Ce qui est aimable à Paris est indécent à Genève : cela dépend du degré de pruderie inspiré par le prêtre de l’endroit. Les jésuites sont beaucoup plus favorables aux beaux-arts et au bonheur que le méthodisme.

Où est le beau idéal de la danse ? jusqu’ici il n’y en a pas. Cet art tient de trop près à l’influence des climats et à notre organisation physique. Le beau idéal changerait toutes les cent lieues.

L’école française vient seulement de donner la perfection de l’exécution.

À présent, il faut qu’un homme de génie emploie cette perfection. C’est comme la peinture quand Masaccio parut. Le grand homme dans ce genre est à Naples, mais y est méprisé. Viganò a donné li Zingari, ou les Bohémiens. Les Napolitains se sont imaginés qu’il voulait se moquer d’eux.