Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/174

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Ce ballet a découvert une drôle de vérité, dont personne ne se doutait : c’est que les mœurs nationales du pays de Naples sont exactement les mœurs des Bohémiens. (Voyez les Nouvelles de Cervantes). Voilà Viganò qui donne des leçons aux législateurs ; tant les arts ont de rapports ! C’est en même temps un beau succès, dans un art si rebelle à l’expression, que de l’avoir forcé à peindre, et à peindre si bien, des mœurs et non pas des passions (des habitudes de l’âme dans la manière de chercher le bonheur, et non pas un état passager et violent). Une certaine danse, exécutée au son des chaudrons, a surtout choqué les Napolitains ; ils se sont crus mystifiés : et hier un jeune capitaine, chez madame la princesse Belmonte, se mettait en fureur au seul nom de Viganò. Pour revenir à leur état naturel, les Napolitains auraient besoin de gagner deux batailles comme Austerlitz et Marengo ; jusque-là ils seront susceptibles. — Mais, leur dirais-je volontiers, quoi de plus brave que M. de Rocca Romama ? Est-ce la faute des gens bien élevés si des moines ont corrompu le bas peuple, si brave quand il s’appelait Samnite, et si pleutre depuis qu’il adore Saint Janvier ? L’anecdote de ce ballet a été un trait de lumière, et m’a mis sur la véritable voie pour étudier ce pays. Noverre, à ce