Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/204

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Temple. Il a tué sa maîtresse sans la reconnaître. La nuit, égaré dans une forêt de la terre sainte, il passe près de son tombeau ; elle lui apparaît, répond à ses transports en lui montrant le ciel, et s’évanouit. La figure noble et pâle de la Bianchi, la tête passionnée de Molinari, la musique de Gallenberg, formaient un ensemble qui ne sortira jamais de la mémoire de mon âme.

4 avril. — Je vais au théâtre Nuovo. La compagnie de’ Marini y donne sa cent-quatre-vingt-dix-septième représentation. Le gros Vestris est le meilleur acteur d’Italie et du monde ; il égale Molé et Iffland dans le Burbero benefico (Bourru bienfaisant), dans l’Ajo nell’ imbarazzo, et dans je ne sais combien de mauvaises rapsodies qu’il fait valoir. C’est un homme à voir vingt fois de suite sans ennui. Si mademoiselle Mars joue un rôle de folle ou de sotte, un petit regard fin qui séduit un public vaniteux avertit qu’elle est la première à se moquer de son rôle et des gestes sots qu’elle va se permettre. Voilà un défaut que n’ont jamais Vestris ni madame Pasta.

Les Italiens, et surtout les Italiennes, mettent au premier rang de’ Marini, que je viens de voir dans li Baroni di Felsheim,