Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/213

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fou. Il paraît que l’opposition y forme des âmes.

Les choses qu’il faut aux arts pour prospérer sont souvent contraires à celles qu’il faut aux nations pour être heureuses. De plus, leur empire ne peut durer : il faut beaucoup d’oisiveté et des passions fortes ; mais l’oisiveté fait naître la politesse, et la politesse anéantit les passions. Donc il est impossible de créer une nation pour les arts. Toutes les âmes généreuses désirent avec ardeur la résurrection de la Grèce ; mais on obtiendrait quelque chose de semblable aux États-Unis d’Amérique, et non le siècle de Périclès. On arrive au gouvernement de l’opinion ; donc l’opinion n’aura pas le temps de se passionner pour les arts. Qu’importe ? la liberté est le nécessaire, et les arts un superflu duquel on peut fort-bien se passer.


Pœstum, 30 avril. — Il y aurait trop à dire sur l’architecture des temples de Pœstum et des choses trop difficiles à comprendre. Mon compagnon de voyage, l’aimable T***, qui compte des parents dans les deux partis, et n’avait que quinze ans en 1799, lors de la Révo-