Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/226

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times de Quiberon, ses talents hâtèrent sa mort. Je ne m’arrêterai pas à raconter l’anecdote si connue de la peur que causa son cadavre à une personne auguste.

« On apprit que les Français avaient été vaincus à Novi, et rien ne retint les fureurs de la reine. La prudence m’empêche de donner des détails qui feraient pâlir Suétone. Naples perdit par la main du bourreau presque tous ses hommes distingués : Mario Pagano, le rédacteur de la constitution napolitaine, Scoti, Luogoteta, Buffa, Troisi, Pacifico, les généraux Federici et Massa, l’évêque Natali, Falconieri, Caputi, Baffi, Mantone, Pracelli, Conforti, Rossi, Bagni. On eut un plaisir particulier à faire pendre Éléonore Fonseca, femme remarquable par le génie et la beauté : elle avait rédigé le Moniteur républicain, le premier journal qui ait jamais paru à Naples. Parmi les hommes de qualité mis à mort à la honte de l’honneur anglais, on remarque le duc d’Andria, le prince de Strongoli, Mario Pignatelli, son frère, Colonna, Riario, et le marquis de Genzano ; ces deux derniers, à peine âgés de seize ans, mais au-dessus des préjugés d’une naissance illustre, avaient déclaré hautement leur amour pour la liberté. Genzano et le célèbre Matera, couverts de l’uniforme français, avaient été livrés par le chef de brigade