Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/227

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Méjan. Ces hommes illustres furent pendus al Largo del Mercato. C’est le lieu où Mazaniello commença sa révolution.

« Ils moururent le sourire sur les lèvres, et prédisant que, tôt ou tard, Naples serait libre, et leur mort non pas vengée, mais utile à leur pays en l’éclairant. Parmi tant de victimes, la mort de la charmante San Felice excita un intérêt particulier. Pendant la courte durée de la république, se trouvant un soir dans une société de gens de la cour, elle apprit que deux jours après les frères Bacri devaient organiser un soulèvement de lazzaroni, et égorger les officiers d’un certain poste de la garde nationale. L’amant de la San Felice faisait partie de ce poste. Au moment où il allait s’y rendre, elle se jeta à ses pieds pour le retenir chez elle. « S’il y a du danger, dit l’amant, c’est une raison de plus pour que je n’abandonne pas mes camarades. » Il obtint de l’amour de son amie la révélation du complot. Par la suite, la princesse royale elle-même ne put obtenir la grâce de la San Felice. Je ne rechercherai pas à combien de milliers s’éleva le nombre des victimes de ces événements. Les supplices et, ce qui est peut-être plus triste pour l’humanité, la réclusion dans les prisons dont le séjour est mortel, ne cessèrent qu’à l’époque du traité de Florence (1801).