Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/238

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particulières. Ils font ce qui leur plaît, et deux ou trois fois par an vont bavarder sur leur passion dominante, et croient ainsi gagner le ciel.

Une femme disait dans la rue hier : « C’est à la Saint-Jean que mon fils a eu un malheur (c’est-à-dire, c’est le 24 de juin que mon fils a assassiné son ennemi). Mais si la famille ne veut pas être raisonnable et recevoir de don Vincenzo ce que nous pouvons faire, malheur à eux ! Je veux revoir mon fils. » La famille offrait vingt ducats au père de l’assassiné. On n’a de force de volonté qu’autant que, dès la plus tendre enfance, on a été forcé à faire des choses pénibles. Or, excepté dans la terre de Labour, où l’on cultive fort bien, et où l’on remue la terre à la pelle carrée, rarement un jeune Napolitain de quatorze ans est forcé à faire quelque chose de pénible. Toute sa vie, il préfère la douleur de manquer à la douleur de travailler. Les sots venus du Nord traitent de barbare le bourgeois de ce pays-ci, parce qu’il n’est pas malheureux de porter un habit râpé. — Rien ne paraîtrait plus plaisant à un habitant de Crotone que de lui proposer de se battre pour obtenir un ruban rouge à sa boutonnière, ou que son souverain s’appelle Ferdinand ou Guillaume. Le sentiment