Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/24

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Ces deux hommes formaient spectacle pour le cardinal et sa cour. Son Éminence a dit, en parlant d’eux : « Je ne vis jamais tant de gravité et si peu de logique. » Je vois que depuis le fameux manquement de foi de la nation anglaise envers les Génois (proclamation signée Bentink), la vertu anglaise passe ici pour de la pure tartuferie.

Le prélat, mon ami, me dit : « Je compare le peuple anglais à un homme qui a un défaut dans l’épine dorsale. Il est un peu bossu ; ce vice de conformation a longtemps contrarié sa croissance, mais, à la fin, malgré cette difformité, quelques-uns de ses membres ont acquis un état de santé florissant, et tel qu’on ne le trouve encore chez aucun peuple de l’Europe. Si la Charte française est mise en pratique, vers 1840 vous serez un joli petit jeune homme de quinze ans assez bien pris dans sa taille, et l’Angleterre un puissant bossu de trente ans, énergique et très-fort, malgré sa difformité. — Vers 1840, l’Amérique, ce pamphlet constant contre les abus, aura réformé l’aristocratie, les substitutions et les évêques qui ravalent tellement le cœur du peuple anglais, qu’il faut encore des coups de bâton à leurs soldats.

— Vous oubliez que les évêques ont persécuté Locke, et que l’étude de toute logique est sévèrement prohibée, et avec