Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/25

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raison, par l’opinion aristocratique. On n’étudie à Oxford que la quantité des mots grecs qui entrent dans le vers saphique[1].

— Si vous dites ici, en parlant de quelqu’un : « C’est un homme d’esprit », tout le monde s’attend à des actions et non à des paroles. A-t-il gagné deux millions depuis six mois ? Quoique déjà d’un âge mûr, a-t-il fait la conquête de la plus jolie femme du pays ? L’esprit amusant et flétri du nom de bavardage (è un chiacchierone). Le mécanisme social qui a produit cette opinion est bien simple. Si cet esprit avait quelque profondeur, l’homme d’esprit irait mourir au château de San-Leo, dans l’Apennin, à cinquante milles d’ici, où jadis l’on étouffa Cagliostro. Les passants entendirent ses cris de la route, à deux cents pas du château fort. L’esprit sans profondeur ne peut être que de la satire plus ou moins aimable. Or les gens qui gagnent des millions ou de jolies femmes, et qui étant heureux sont, après tout, ceux aux dépens desquels l’esprit plaisant pourrait s’exercer, s’entendent pour décréditer le plaisant et

  1. Au parlement, le 13 avril 1826, M. Abercrombie demande à améliorer le mode de représentation d’Édimbourg. Cette ville a cent mille habitants, et ses députés au parlement sont désignés par un conseil municipal de trente-trois personnes, dont dix-neuf nomment leurs successeurs. M. Canning répond qu’il s’opposera toujours à toute réforme, etc. Les élections de Lyon sont exemptes de cette difformité.