Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/32

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un son faux ; mais, à mon avis, le goût italien aurait supporté et par conséquent désiré le développement de la naissance de la passion de Parisina pour Hugo[1].

12 janvier. — J’oubliais le plus essentiel ; voici quelle est la position d’un étranger qui débute dans un salon italien : au bout d’une heure, chaque femme a peu à peu formé son groupe, et cause avec l’homme qu’elle préfère, et deux ou trois amis qui ne songent pas à troubler leurs relations. Les femmes âgées, ou qui ont l’humiliation de ne pas avoir d’amant, sont au jeu. Le pauvre étranger est réduit à la société des amants en butte à la colère des maris, et qui se tiennent au milieu du salon, cherchant à masquer par quelque apparence de conversation les coups d’œil qu’ils échangent de loin avec la femme qu’ils aiment. Chacun s’occupe de soi, et si l’on songe au voisin, c’est pour s’en méfier et le regarder presque comme un ennemi. Quelquefois le groupe de madame A*** entre en commerce de plaisanteries avec le groupe de madame B*** ; mais là encore

  1. Est-il nécessaire de rappeler le fait historique qui sert de base au poëme de lord Byron ? Un espion apprit à Nicolas III, souverain de Ferrare, que Parisina, sa femme, avait une intrigue avec Hugo, son fils naturel et le plus bel homme de sa cour. Le prince voulut voir par ses yeux, et ensuite fit trancher la tête à sa femme et à son fils.