Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gouvernement de la classe des receveurs des droits réunis ou des sous-préfets ; qu’y a-t-il de commun entre un académicien et Voltaire ? Je n’ai envie de connaître que les hommes de génie : Monti, Canova, Rossini, Vigano ; qu’ai-je à faire de tout le vulgaire de la littérature ? Pauvres, naïfs, solitaires, se promenant sans cesse la pipe à la bouche, dans leur cabinet au plancher couvert de sable, comme les littérateurs d’Allemagne, je les verrais avec intérêt et pourrais leur demander quelques idées sur la partie de science qui a occupé leur vie. Ici le vulgaire des gens de lettres est d’un charlatanisme extravagant ; un poëte vous dit : Alfieri et moi nous faisons telles choses dans nos tragédies.

Je disais à un peintre : « On n’a jamais réussi à faire un portrait passable de madame Florenzi. — C’est que je n’ai pas essayé », me répond-il d’un grand sang-froid.

Depuis que M. Courier a prouvé si gaiement que M. Furia, savant helléniste de Florence, qui venait de faire un ouvrage sur un certain manuscrit de Longus, n’avait jamais été en état même de lire ce manuscrit[1], je ne me sens guère d’estime pour les savants italiens. Quand on est le

  1. Voir le délicieux pamphlet de M. Courier, Œuvres complètes, page 49, édition de Bruxelles.