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premier antiquaire ou le premier poëte de sa petite ville, à quoi bon de nouveaux efforts ? La vanité municipale vous protège. Un homme de lettres italien vous parle dès la seconde entrevue d’une phrase obscure de l’oraison de Cicéron pro Scauro, et vous cite M. Majo comme un homme de génie. M. Majo a eu l’idée de regarder à la loupe des parchemins que les moines du moyen âge avaient grattés pour y écrire leurs sottises. Quelquefois, à l’aide de l’amincissement du parchemin, on peut lire le passage de Cicéron que les moines ont gratté. Voilà ce que c’est que la grande découverte des manuscrits palimpsestes.

Monsignore Majo est en outre le plus désobligeant bibliothécaire de l’Europe, et refuse, à la bibliothèque du Vatican, dont il est garde, la communication des manuscrits les plus innocents, par exemple un Virgile. Ce zèle pour la diffusion des lumières le fera cardinal. Monsignore Majo a, du reste, une fort belle figure, que j’observais pendant son insolence : nouveau démenti donné à la science de Lavater.

Les gens de lettres m’ont beaucoup plaisanté sur les inscriptions latines que l’Académie des inscriptions a fournies pour une statue de Henri IV ; on y trouve, disent-ils, des solécismes et des barbarismes à faire fouetter un écolier. Je croi-