Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/50

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qui, sous le nom de romantisme, ameute nos littérateurs : les Florentins, partisans des vieux mots, sont les classiques ; les Lombards tiennent pour le romantisme. MM. de Brême, Borsieri, Berchet, Visconti, Pellico[1], prétendent :

1o Qu’il faut être clair, et souvent préférer dans les phrases la construction directe ; faut-il éviter la clarté, uniquement parce que les Français l’ont adoptée ?

2o Qu’il est à propos de se défendre le plus possible du plaisir de faire des phrases de vingt lignes ;

3o Qu’il faut chercher de nouveaux mots pour les idées nées depuis le quinzième siècle[2].

Cette conversation n’en a pas fini ; interpellé par Son Éminence, j’ai été obligé de parler de ce que l’on entend en France par romantisme. Heureusement, chez nous, la langue est hors de la question ; tout le monde convient qu’il faut écrire comme Voltaire et Pascal. En Italie, on n’est pas même d’accord sur la langue ; il y a loin de là à faire des tragédies intéressantes et

  1. Voir le Conciliatore, journal romantique publié à Milan vers 1818.
  2. Si le lecteur a des doutes je l’engage à parcourir une jolie comédie d’Albergati, intitulée il Pomo ; il y trouvera le marquis don Tiberio Cruscati, qui ne parle qu’en parfait toscan, ce qui le rend tout à fait inintelligible et souverainement ridicule pour les habitants de Bologne, ville située à vingt-deux lieues de Florence.