Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/83

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Mais si le cardinal Consalvi était ce qu’il doit être, je me garderais de me faire présenter à Son Éminence ; il serait aussi ennuyeux qu’un président des États-Unis.

De Turin à Venise, de Bassano à Ancône, les victoires de Bonaparte, qui allégeaient les fers des plébéiens, firent peur aux nobles ; aussitôt (1796) cessation du luxe, ordre dans les affaires, économie, payement des dettes, séjour à la campagne. De 1796 à 1814, les fortunes de la noblesse ont doublé. Les nobles se voyant attaqués n’ont plus lutté entre eux de luxe et de magnificence, mais bien de prudence et d’économie. Dépenser follement est devenu le ridicule d’un homme du peuple enrichi. Dans quelques pays, le Piémont, par exemple, les nobles furent avertis officiellement par une contribution de guerre que les Français, en arrivant, les obligèrent de payer. Vivant dans leurs terres, loin des amusements des villes, ils se sont faits agriculteurs pour échapper à l’ennui. Parmi leurs enfants, ceux qui avaient vingt ans en 1796, ont été atteints par l’enthousiasme, ils ont pris du service avec les Français, et de l’expérience. Les enfants qui n’avaient que cinq ou six ans lors de la retraite forcée de leurs parents, ont eu pour précepteur le curé du voisinage, et n’ont pu tout au plus acquérir quelques