Page:Stendhal - Souvenirs d’égotisme, 1927, éd. Martineau.djvu/128

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proscrit toute énergie, et l’use si elle existait par hasard. Parfaitement poli et parfaitement pur de toute énergie, tel est l’être que je m’attends à voir, quand on annonce chez M. de Tracy, M. de Syon ou tout autre jeune homme du faubourg Saint-Germain. Et encore je n’étais pas bien placé en 1821 pour juger de toute l’insignifiance de ces êtres étiolés. M. de Syon, qui vient chez le général Lafayette, qui est allé en Amérique à sa suite, je crois, doit être un monstre d’énergie dans le salon de Mme de la Trémoille.

Grand Dieu ! Comment est-il possible d’être aussi insignifiant ! comment peindre de telles gens ! Questions que je me faisais pendant l’hiver de 1830, en étudiant ces jeunes gens. Alors leur grande affaire était la peur que leurs cheveux arrangés de façon à former un bourrelet d’un côté du front à l’autre ne vinssent à tomber.

(For me : Je suis un peu découragé par le manque absolu de dates. L’imagination se perd à courir après les dates au lieu de se figurer les objets.)

Mon plaisir en voyant Kean, fut mêlé de beaucoup d’étonnement. Les Anglais, peuple fâché, ont des gestes fort différents des nôtres pour exprimer les mêmes mouvements de l’âme.

Le baron de Lussinge et l’excellent