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Page:Stendhal - Vie de Henri Brulard, t1, 1913, éd. Debraye.djvu/43

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xxxv
introduction

amortis par l’expérience d’un homme de quarante ans[1]. »

C’est Beyle jugé par Beyle, seulement à trente-cinq ou quarante-cinq ans de distance ! Mais on y trouve aussi le Beyle de cinquante-deux ans, et celui-là tout entier. Le texte foisonne de jugements contemporains ; de plus, de précieuses notes illustrent le manuscrit, soit dans les marges, soit en haut des feuillets, soit au verso. Au fur et à mesure qu’il écrit, Stendhal explique sa pensée, la justifie, et raconte ses impressions ou ses actions du jour.

C’est ainsi qu’il s’excuse d’écrire ses Mémoires : « Droit que j’ai d’écrire ces Mémoires : quel être n’aime pas qu’on se souvienne de lui[2] ? » Il s’excuse en même temps d’avoir dit souvent du mal de ses parents : « Qui pense à eux aujourd’hui que moi, et avec quelle tendresse, à ma mère, morte depuis quarante-six ans ? Je puis donc parler librement de leurs défauts. La même justification pour Mme la baronne de Barckoff, Mme Alexandrine Petit, Mme la baronne Dembowski[3] (que de temps que je n’ai pas écrit ce nom !), Virginie, deux Victorines, Angela, Mélanie, Alexandrine, Métilde, Clémentine, Julia, Alberthe de Rubempré, adorée pendant un mois seulement. »

  1. Chapitre xxxiv, tome II, p. 57-58.
  2. Cette note est placée à la fin du cahier R 300, fol. 68 v°. — La note citée un peu plus loin est écrite sur ce même feuillet.
  3. La seconde est Alexandrine, la troisième Métilde, que Stendhal cite plus loin dans la même phrase.