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Page:Stendhal - Vie de Henri Brulard, t1, 1913, éd. Debraye.djvu/44

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xxxvi
vie de henri brulard

Il découvre un peu sa méthode d’investigation psychologique : « Je rumine sans cesse sur ce qui m’intéresse, à force de le regarder dans des positions d’âmes différentes, je finis par y voir du nouveau, et je le fais changer d’aspect[1]. » Plus loin, c’est un peu de sa méthode de composition qui transparaît : « Style, ordre des idées. Préparer l’attention par quelques mots en passant : 1° sur Lambert : — 2° sur mon oncle, dans les premiers chapitres[2] ». Et ailleurs : « Idée : aller passer trois jours à Grenoble, et ne voir Crozet que le troisième jour. Aller seul, incognito, à Claix, à la Bastille, à La Tronche[3]. »

Son style aussi le préoccupe ; il écrit, au hasard d’une marge : « Style : pas de style soutenu[4]. » Cependant, il châtie sa langue, de nombreuses ratures en témoignent. Et, une fois, il écrit deux phrases de même sens, et note en face : « Style : choisir des deux rédactions[5]. » Il va jusqu’à juger ses effets : « Style. Ces mots, pour un instant, sont un repos pour l’esprit ; je les eusse effacés en 1830, mais, en 1835, je regrette de ne pas en trouver de semblables dans le Rouge[6]. » Son ironie s’exerce même à ses propres dépens : racontant la journée

  1. Chapitre xxxi.
  2. Chapitre v.
  3. Chapitre xiv.
  4. Chapitre xxv.
  5. Chapitre xxx. La rédaction écartée a été rayée au crayon par Stendhal.
  6. Chapitre xv. Stendhal vient d’écrire : « J’emprunterai pour un instant la langue de Cabanis. »