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Page:Stendhal - Vie de Henri Brulard, t1, 1913, éd. Debraye.djvu/45

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xxxvii
introduction

des Tuiles, qui marque le prélude de la Révolution à Grenoble, la mort de l’ouvrier chapelier et l’agitation de cette ridicule bonne femme qui se « révorte », il ajoute après coup cette phrase : « Le soir même, mon grand-père me conta la mort de Pyrrhus ; » et il remarque en note : « Cette queue savante fait-elle bien[1] ? » Il connaît si bien son caractère qu’il écrit en marge du chapitre vu : « Idée. Peut-être, en ne corrigeant pas ce premier jet, parviendrai-je à ne pas mentir par vanité[2]. »

Le sort de son livre le préoccupe. Il pense à intéresser le public : « Non laisser cela tel quel. Dorer l’histoire Kably, peut-être ennuyeuse pour les Pasquier de cinquante ans. Ces gens sont cependant l’élite des lecteurs[3]. » Mais il se décourage parfois, il doute du succès, et s’écrie mélancoliquement : « Qui diable pourrait s’intéresser aux simples mouvements d’un cœur, décrits sans rhétorique[4] ? » Ou encore : « J’ai été fort ennemi du mensonge en écrivant, mais n’ai-je point communiqué au lecteur bénévole l’ennui qui me faisait m’endormir au milieu du travail, au lieu des battements de cœur du no 71, Richelieu[5] ? »

Stendhal serait bien rassuré, s’il revenait parmi

  1. Chapitre v.
  2. Chapitre vii.
  3. Chapitre xxv.
  4. Chapitre xxxiv.
  5. Écrit le 6 avril 1836, av/nt de partir en congé, sur un feuillet de garde du volume III.
Brulard I.
***.