Page:Stendhal - Vie de Napoléon.djvu/110

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il la repoussa avec humeur ; il sortit de la chambre ; elle se traîna sur ses genoux jusqu’à la porte. Dans la nuit, elle lui écrivit deux lettres ; son excellent cœur était vraiment à la torture. J’ai ouï conter à la cour que l’aide de camp du maréchal Moncey, qui apporta la nouvelle que le duc d’Enghien était venu déguisé à Strasbourg, avait été induit en erreur. Le jeune prince avait une intrigue dans le pays de Bade avec une femme qu’il ne voulait pas compromettre, et, pour avoir des rendez-vous avec elle, disparaissait de temps en temps, ou habitait, pour sept ou huit jours, la cave de la maison de cette dame. On crut que, pendant ses absences, il venait conspirer à Strasbourg. C’est surtout cette circonstance qui détermina l’empereur. Les mémoires du comte Réal, du comte Lavalette et des ducs de Rovigo et de Vicence éclairciront tout ceci.

Dans tous les cas, Napoléon se serait épargné une justification pénible auprès de la postérité, en attendant, pour faire arrêter le duc d’Enghien, qu’il vînt une troisième fois à Strasbourg.

On peut se demander si jamais la liberté de la presse aurait pu faire autant de mal au premier consul que son asservissement lui en fit dans les affaires de la conspiration de 1804. Personne n’ajouta