Page:Stendhal - Vie de Napoléon.djvu/219

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doublement fils de Louis XV[1]. Il voulut le faire chevalier d’honneur de l’impératrice Marie-Louise. Cette princesse eut le courage bien étonnant de lui résister : « Je n’ai pas à me plaindre du chevalier d’honneur actuel, comte de Beauharnais. — Mais il est si bête ! — C’est une réflexion que Votre Majesté pouvait faire en le nommant. Mais une fois qu’il a été admis à mon service, il n’est pas convenable qu’il en sorte sans motif et surtout qu’il en sorte sans moi. »

L’empereur n’eut pas l’esprit de dire au comte de Narbonne : « Voilà cinq millions pour un an, et un pouvoir absolu dans le département des niaiseries ; faites-moi une cour aimable. » La seule présence de cet homme charmant eût suffi. L’empereur aurait dû au moins se faire composer par lui des réparties aimables. Le ministre de la police ne demandait qu’un mot à pouvoir porter aux nues. Bien loin de là, l’empereur semblait prendre à tâche de former sa cour des plus ennuyeuses figures du monde. Le prince de Neuchâtel, grand écuyer, était nul pour la société, où il portait presque toujours une humeur bourrue. M. de Ségur avait

  1. Celui qui, comme ministre de la guerre, déclara la guerre à tout le monde au commencement de la Révolution, et faisait ses tournées militaires suivi de Mme de Staël.