Page:Stendhal - Vie de Napoléon.djvu/81

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Napoléon bien supérieur à Louis XIV, se faisait gloire d’obéir à un tel maître, oubliait qu’il avait été vexé, la veille, par la conscription ou les Droits Réunis, et songeait à demander pour son fils une place en Hollande.

À l’époque dont nous parlons, le Piémont, les États de Parme et l’île d’Elbe furent successivement annexés à la République. Ces réunions partielles fournissaient à la conversation. Melzi, témoignant à Napoléon ses craintes pour la réunion du Piémont, le premier consul répondit en souriant : « Ce bras est fort, il ne demande qu’à porter. » L’Espagne lui céda la Louisiane. Il rentra en possession de Saint-Domingue par des démarches qui ne sont pas bien connues, mais qui semblent tout à fait dignes de la perfidie et de l’atrocité d’un Philippe II. Il rassembla à Lyon les citoyens les plus marquants de cette République Cisalpine, la seule belle création de son génie politique. Il leur ôta les rêves de la liberté et les força de le nommer président. L’aristocratie de Gênes, plus méprisable que celle de Venise, fut sauvée pour quelque temps par l’adresse d’un de ses nobles qui, d’abord l’ami de Napoléon, éprouva, depuis, plusieurs années de persécution, en conséquence de ce trait de patriotisme. L’Hel-