Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/187

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Un prince anglais chargea Reynolds de faire le portrait de Haydn. Celui-ci, flatté de cet honneur, se rend chez le peintre et pose ; mais l’ennui le gagne : Reynolds, soigneux de sa réputation, ne veut pas peindre, avec une physionomie d’idiot, un homme connu pour avoir du génie ; il remet la séance à un autre jour. Au second rendez-vous, même ennui, même manque de physionomie ; Reynolds va au prince et lui raconte son accident. Le prince trouve un stratagème : il envoie chez le peintre une Allemande très-jolie, attachée au service de sa mère. Haydn vient poser pour la troisième fois et, au moment où la conversation languit, une toile tombe, et la belle Allemande, élégamment drapée avec une étoffe blanche, et la tête couronnée de roses, dit à Haydn, dans sa langue maternelle : « Ô grand homme ! que je suis heureuse de te voir et d’être avec toi ! » Haydn, ravi, accable de questions l’aimable enchanteresse : sa physionomie s’anime, et Reynolds la saisit rapidement.

Le roi Georges III, qui n’aima jamais d’autre musique que celle de Hændel, ne fut pas insensible à celle de Haydn : la reine et le monarque firent un accueil distingué au virtuose allemand ; enfin, l’université d’Oxford lui envoya le diplôme