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Vous passez au lever du soleil, qui, pour la première fois, paraît dans toute la pompe du plus beau spectacle qu’il ait été donné à l’œil humain de contempler.

Il est suivi du lever de la lune, qui s’avance sans bruit au milieu des nuages, et vient éclairer les nuits de sa lumière argentine. On voit qu’il faut sauter une journée entière, sans cela le lever du soleil ne peut pas être suivi du lever de la lune ; mais nous sommes dans un poëme descriptif, une transition sauve tout. La première partie finit par un chœur d’anges.

On trouve un charmant artifice d’harmonie dans la stretta du finale de cette première partie de la Création. Arrivé à la cadence, Haydn n’arrête pas l’orchestre comme cela lui arrive quelquefois dans ses symphonies ; mais il se jette dans des modulations montant de semi-ton en semi-ton. Les transitions sont renforcées par des accords sonores qui, à chaque mesure, semblent annoncer cette cadence si désirée par l’oreille, et toujours retardée par quelque modulation plus inattendue et plus belle. L’étonnement s’accroît avec l’impatience ; et quand elle arrive enfin, cette cadence, elle est saluée par un applaudissement général.

La seconde partie s’ouvre par un air majestueux dans le commencement, gai