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que les petites avances d’embarquement.

Un commis dévoué à ses patrons, après dix ans de travail, réunissait ainsi 50 ou 60 mille francs ; il avait alors 28 ou 30 ans. Quatre commis ayant chacun cette somme, ou même beaucoup moins, se réunissaient et formaient une maison ; ils achetaient un navire ; ils engageaient des matelots et des officiers ; c’était là toute leur dépense. Il ne faut y ajouter que les frais de transport des marchandises, qui, toutes, vin, eau-de-vie, farines, toiles, mouchoirs de Cholet, etc… leur étaient fournies payables dans six mois, c’est-à-dire au retour du navire. Les jeunes négociants le faisaient assurer. Il y avait des maisons qui assuraient aux divers fournisseurs le paiement de leurs marchandises moyennant un ou un demi pour cent. Elles endossaient les traites à six mois de date, fournies par les jeunes négociants possesseurs du navire.

En général, si le jeu ou la manie de briller ne faisaient pas tourner la tête au jeune négociant de Bordeaux, à 40 ou 45 ans sa fortune était faite, et cela, au moyen du travail le plus agréable du monde. On voit que ce commerce était tout le contraire de celui de Lyon. Excepté au moment du chargement de son navire, le jeune négociant de Bordeaux n’avait