Page:Stendhal - Voyage dans le midi de la France, 1930.djvu/173

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fer. Cette manche ainsi garnie passe à deux pieds au-dessus de leur tête.

La fenêtre de l’auberge donnant en plein en face du petit palais qui sert de caserne, je vois des soldats dans toutes les occupations, même faisant la cour à deux revendeuses de fruits ou plutôt d’herbes qui, je ne sais pourquoi, occupent une guérite neuve destinée à une sentinelle. Je sens l’utilité de la comédie dans les fonctions publiques. Je ne sais quel ministre disait fort bien à Louis XVI, qui n’avait pas même le courage de paraître en habit richement brodé : « Sire, un roi est une cérémonie. »

Qu’est-ce qu’une sentinelle qui n’a pas l’air terrible ? ou au moins l’air du devoir impitoyable. Nos sentinelles de cavalerie ont l’air Lovelace, les sentinelles de la garde impériale avaient l’air séide. Les huit premiers généraux pris au hasard auraient condamné le duc d’Enghien, comme les huit premiers soldats auraient fusillé un passant sur l’ordre de l’empereur .....[1].

  1. Trois à quatre lignes illisibles, où je déchiffre à peu pris : « Réplique du général Cour à Bader ou Moreau : — Comment monsieur n’avez-vous pas ......... que les soldats de l’Empereur ?
    Le ton de cette chanson disait à la fois : « Vous n’avez pas de cœur et prenez garde à vous, imprudent, je puis d’un mot vous faire destituer ! » N. D. L. E.