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que c’est le portrait d’un Médicis, duc d’Urbin, un frère de Catherine de Médicis, cette reine qui apporta le poison en France. Ce Médicis, qui ne ressemble ni à Jean des Bandes Noires, ni au fameux Laurent, ni à ce Côme, nommé si plaisamment père de la patrie, ni à Côme premier, grand duc, « est coiffé d’une toque noire ornée d’une médaille en or. Sur un justaucorps de drap d’or, il porte une pelisse rouge foncée, brochée en or, et à larges manches. De la main droite, il tient un bijou d’or, la gauche est appuyée sur le côté ; il a un poignard à la ceinture ; le fond du portrait est vert. Ce tableau, de la dernière manière de Raphaël, ajoute la notice, est peint sur bois ; Vasari en parle dans la vie de ce grand peintre ; il en existe deux copies à la galerie de Florence. »

Hélas ! je vais passer pour un homme méchant, toujours par suite du même vice : le sot amour pour la vérité qui fait tant d’ennemis.

Toute l’Europe a cru pendant un siècle ou deux que le portrait de la Fornarina, qui est à la tribune de Florence, est de Raphaël. Je pense qu’il est d’un peintre de l’école de Venise, auquel j’attribuerais aussi ce second Raphaël du Musée Fabre.

Ma méchanceté ajoute que la main seule pourrait être peinte par Raphaël ;