Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/116

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d’après cela, de s’étonner si la première communion n’avança guère ma vie spirituelle. Elle me trouva et me laissa dans la plus entière ignorance des choses de Dieu. Je n’appris à connaître, dans cette prétendue instruction religieuse qui m’était donnée, ni les rapports de la foi avec la raison, ni ceux de la loi avec la conscience, ni le juste discernement du devoir et du droit dans les relations humaines. À mon intelligence avide de connaître, à mon cœur avide d’aimer, on donna pour tout aliment quelques sèches formules et les plus pitoyables banalités. Cette union intime, réelle et parfaite, cette union de la chair et du sang avec l’Homme-Dieu, cette Eucharistie que l’Église catholique appelle si justement son dogme générateur, bien que j’y aie porté ma robe d’innocence et toute la candeur de mes pensées, tient à peine une place dans mon souvenir ; et si je me la rappelle ici, c’est comme un acte purement extérieur, et le plus insignifiant de toute ma vie morale.