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Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/123

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lisait ces mots : Présidence, Vice-Présidence, que notre cher abbé tirait d’un portefeuille en satin vert brodé de roses, et qu’il nous remettait de sa main, à la fin des classes, en présence des parents, avec quelques paroles flatteuses. Au bout du mois, l’élève le mieux pourvu de ces cartes voyait son nom inscrit sur un tableau d’honneur fort enjolivé d’arabesques ; au bout de l’année scolaire, on recevait quelques volumes cartonnés des Œuvres complètes de l’abbé Gaultier : c’était là tout. Ce tout n’était rien en réalité. Mais il s’attachait à ce rien une telle signification morale, nous souhaitions si ardemment le contentement du bon abbé, la préférence de nos jeunes maîtres, la considération des parents et notre mutuelle estime, que je ne saurais me rappeler dans toute ma vie ni distinctions ni honneurs qui m’aient jamais causé une impression comparable à la vue de ce portefeuille en satin vert, quand il s’ouvrait pour moi et que, de sa voix chevrotante, le vieil abbé appelait Marie de Flavigny avec Charles de Croix à la récompense partagée de leur assiduité au travail.

Ce qu’on nous enseignait rue de Grenelle était une très-bonne préparation aux études futures. Filles et garçons apprenaient le latin, mais par la méthode animée de l’abbé Gaultier, comme une langue vivante. Nous apprenions aussi, cela va de soi, la grammaire française, l’histoire sacrée et l’histoire profane, la géographie, les premiers éléments de la mathéma-